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Energie

Stratégie CCUS et capture du CO2 : où en est la France ?

Publié le : 10 septembre 2024

Le CCUS, qu’est-ce que c’est ?

Le terme CCUS renvoie à l’acronyme anglais « Carbon Capture, Utilisation and Storage ». Il s’agit d’une série de solutions technologiques permettant de : 

  • capter le CO2, principalement en provenance de sites industriels émetteurs, de le concentrer, pour ensuite 
  • soit le stocker par exemple dans des gisements de combustibles fossiles dont l’exploration-production est achevée
  • soit l’utiliser, lorsqu’une opération de valorisation de ce CO2 est possible, comme intrant, pour fabriquer des produits (e-carburants produits à partir d’hydrogène et de CO2, production de plastiques, de béton, etc.)

Je souhaite décarboner mon industrie

En toute rigueur, on devrait même parler de CCTUS (Carbon Capture, Transport, Utilisation and Storage). Les lieux de stockage – ou d’utilisation – étant le plus souvent éloignés (voire très éloignés) des zones d’émissions, la question du transport du CO2 par canalisations ou par bateaux est au cœur du processus. 

Enfin, on parle plus communément de « CCS » (Carbon Capture and Storage) lorsqu’aucune voie d’utilisation/valorisation n’est identifiée. Le carbone capturé est dans ce cas stocké. 

Les technologies de CCUS constituent un levier de décarbonation. En ce sens, elles font partie intégrante des scénarios permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 comme s’y est engagée l’Union européenne.

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La réduction des émissions de gaz à effet de serre permise par le CCUS à l’horizon 2050 au niveau mondial

Source : AIE

Point important, le CCUS n’a pas vocation à se substituer aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une position clairement affichée par les pouvoirs publics français qui estiment que « le CCUS n’est pas une technologie pour maintenir le « business as usual » : elle ne doit intervenir que pour les émissions résiduelles incompressibles, en l’absence d’autres solutions économiquement accessibles.¹ »

¹ « Stratégie CCUS », document soumis à consultation auprès des industriels en juin 2023

Au moins dans un premier temps, le CCUS cible donc des activités pour lesquelles il n’existe pas d’alternatives en matière de décarbonation à moyen terme. Il s’agit d’activités industrielles telles que la production de ciment, la chimie, la métallurgie, etc. 

La stratégie française est désormais connue

-5 à -10% 

Le potentiel de baisse des émissions industrielles de la France en 2030 grâce au CCUS

Source : Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

En juillet 2024, le Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a publié un état des lieux et perspectives du déploiement du CCUS en France. Ce document fixe la stratégie et les ambitions françaises en la matière.

La stratégie CCUS française repose sur trois phases de déploiement distinctes : 

 

  • 2025-2030 : premiers déploiements amenant le développement de deux à quatre hubs CCUS (captant chacun de 1,5 à 4 MtCO2/an) dans les zones industrielles de Dunkerque, de Fos-sur-Mer, du Havre, de Saint-Nazaire ou de l’axe Rhône

🡺 cible : 4 à 8 MtCO2/an captés

  •  2030-2040 : développement de stockages souterrains et de réseaux CCS, permettant l’extension du captage à d’autres zones géographiques (Bassin Parisien, Méditerranée ou Piémont pyrénéen) et à d’autres secteurs d’activités (incinération des déchets par exemple)

🡺 cible : 12 à 20 MtCO2/an captés

  •  2040-2050 : développement d’un réseau d’infrastructures CO2 à l’échelle nationale et européenne permettant de capter l’intégralité des émissions résiduelles des sites industriels les plus émetteurs pour atteindre la neutralité carbone en fin de période

🡺 cible : 30 à 50 MtCO2/an captés

    Trajectoire détaillée du captage de CO2 en France

      CCUS

      Source : Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

        Pour atteindre ces objectifs, les pouvoirs publics misent d’ores et déjà sur plusieurs dispositifs : 

        • le soutien à la R&D notamment via le programme « Soutenir l’innovation pour développer de nouveaux procédés industriels largement décarbonés » (SPLEEN) doté de 35 M€.
        • le soutien à la réalisation d’études dans les Zones industrielles bas carbone (ZIBaC) de l’appel à projets France 2030 afin de faciliter les décisions finales d’investissement.
        • le Fonds européen pour l’innovation qui soutient 26 projets européens CCUS, dont 3 en France.

          CCUS : Où en est-on concrètement ?

          Ces premiers dispositifs de soutien ont permis l’émergence de plusieurs projets CCUS en France. 

          Carte de déploiement des différents projets CUS en France

            CCUS

            Source : Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

              On peut par exemple citer le programme K6 visant à capter les émissions de la cimenterie d’Equiom (800 000 tonnes de ciment produites par an) et le projet CalCC du producteur de chaux Lhoist (700 000 tonnes de chaux produites/an) tous deux situés sur le territoire de Dunkerque. A terme, ces deux projets pourraient permettre de capter 1,5 MtO2/an.

              En matière de transport de CO2, le projet D’Artagnan mené par Air Liquide et le terminal d’importation de gaz naturel liquéfié Dunkerque LNG prévoit le développement des infrastructures nécessaires au transport et à l’exportation de 1,5 MtCO2/an dès 2027 puis 4 MtCO2/an à moyen terme. Après liquéfaction, le carbone sera chargé sur des bateaux vers des sites de stockage en mer du Nord. 

              Dans cette optique, la France a d’ailleurs signé, en janvier 2024, un partenariat stratégique avec la Norvège (le pays européen le plus avancé en matière de CCUS) pour séquestrer 1,5 MtCO2/an d’ici 2025 puis jusqu’à 5 MtCO2/an à horizon 2026 dans des sites de stockage en mer du Nord norvégienne. 

                Stocker le CO2, combien ça coûte ?

                Compte tenu de la maturité encore limitée de certaines solutions technologiques, il est difficile de chiffrer précisément le coût du CCUS. A titre d’exemple, le projet Northern Lights en Norvège, l’un des projets européens les plus avancés avec un objectif cible de capture de 1,5 MtCO2/an, afficherait un coût supérieur à 200 €/tonne CO2. 

                Pour le déploiement des premiers grands projets, l’Etat français envisage donc des subventions directes sur une période de 15 ans. Celles-ci permettront de couvrir l’écart entre le coût du CCUS et le coût évité du CO2 sur le système d’échanges de quotas de CO2 européen EU-ETS auxquels les sites industriels émetteurs sont soumis. On parle de contrat carbone pour différences. A titre de comparaison, le prix du CO2 sur l’EU-ETS est ressorti en moyenne à 67 €/tonne au cours du premier semestre 2024. 

                Ainsi, toute augmentation du prix du CO2 à l’avenir permettrait de réduire le montant de la subvention directe accordée au projet CCUS. 

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